Guinée : la pêche illicite, une menace pour les générations – Base Cote Media

Guinée : la pêche illicite, une menace pour les générations

De Conakry à l’intérieur du pays, les communautés vivant au long du littoral, pour qui la pêche est une activité transmise de génération en génération, sont particulièrement touchées par ces phénomènes de pêche illégale. Dans ce grand format, nous allons dérouler l’ampleur de la pêche illicite non déclarée et non réglementée en République de Guinée, dite pêche INN. Nous allons présenter comment ce fléau mobilise les acteurs de la chaîne de production du poisson et l’ensemble des produits marins autour des autorités guinéennes. Objectif, minimiser les grandes pertes économiques évaluées en million de dollars et permettre aux populations du littoral, pour qui la pêche est une activité séculaire, de pouvoir vivre des produits de la mer.

Le Guinéen consomme beaucoup de poisson « Au niveau mondial, la consommation du poisson est de 20 Kg/habitant et par an. En Guinée nous sommes à 24 Kg/habitant et par an. Cela prouve l’importance de la pêche » a déclaré Dr Camara Mohamed Lamine, Directeur Général du Bureau de Stratégie et de Développement du Ministère de la Pêche et de l’économie maritime de Guinée.

Port du Boulbinet

Les plus grandes captures de poissons et de mollusques

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée, se pratique au large des côtes guinéennes. Ce pays de l’Afrique de l’Ouest, a un littoral de plus de 300 km de long et une zone économique exclusive de 116 584 km². Le plateau continental de la Guinée est le deuxième plus grand d’Afrique de l’Ouest. Selon les estimations, plus de 1,5 million des 11 millions d’habitants du pays dépendent directement des produits de la pêche pour leur subsistance 

Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée a doublé en l’espace de deux ans 

Selon le Maritime Information Coopération and Awarness center (MICA), le Centre d’expertise français dédié à la sûreté maritime, à compétence mondiale, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée [INN], « demeure le facteur prédominant d’instabilité économique dans le golfe de Guinée. La pêche illicite maintient une forte pression sur les stocks halieutiques au détriment des populations locales. Le développement des usines de farine et d’huile de poisson accentue encore le phénomène » Rencontrée au marché de Kaporo, Maïmouna Bangoura nous parle de l’impact de la pêche INN dans les marchés de Conakry : « Nous les femmes qui partons au marché, quand tu tombes sur ces petits poissons, nos seulement, ça n’a pas de goût, mais aussi ce n’est pas bon. Si ce poisson restait dans leur milieu de vie naturel, il allait se développer et grossir et quand on consomme ce poisson, tu sens de la qualité ». 

« Sur le marché parfois, il y a des poissons qui manquent, il y a des espèces de poissons, tu veux cuisiner, tu n’en trouves pas. Il se trouve que grâce à la pêche illicite, ce poisson est introuvable sur le marché local sauf à l’étranger. Donc ça fait que tu n’as pas le choix de ce que tu veux manger simplement parce qu’il n’existe pas sur le marché guinéen à cause de la pêche INN » a affirmé Ramatoulaye Diallo journaliste et femme au foyer.

Biologiste à la pêche au Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura (CNSHB), Amadou 1 Bah nous parle de l’impact de la pêche INN sur les ressources halieutiques en Guinée. « Le poisson scie comme le raie, requin, a disparu des eaux guinéennes. C’est une espèce qui a complètement disparu, ce sont des grands pélagiques. Même le poisson Bonga (petits pélagiques) le poids a baissé. La taille qu’on avait pendant les années 90 jusqu’en 2000, on ne peut plus les avoir aujourd’hui parce que la taille à la première maturité sexuelle n’est pas respectée. C’est cette taille qui permet de dire si les poissons peuvent être pêchés. En dessous de cette taille, (relation, taille, poids), cette espèce ne doit pas être pêchée »

Vente de poisson au marché de Bonfi

Depuis plusieurs années, le Ministère de la pêche et de l’Économie Maritime, observe 60 jours de repos biologique dans les eaux territoriales guinéennes. Une période qui interdit toute activité de pêche industrielle. Amadou 1 Bah explique encore « Il faut connaître les périodes de ponte. C’est en fonction de cela qu’on décide un repos biologique pour cette espèce, c’est-à-dire pour cette espèce, on ne doit pas pêcher de telle période à telle période (c’est ça la période de ponte). Les paramètres biologiques ou les indicateurs biologiques peuvent aider le gouvernement à prendre des décisions en fonction de ces périodes de ponte ».

Pour faire respecter la mesure, les autorités du Ministère de la pêche déploient des moyens pour appréhender les éventuels navires en situation irrégulière dans les eaux guinéennes. La campagne permet également d’arraisonner des navires étrangers en situation irrégulière. Les associations professionnelles du secteur de la pêche en Guinée, se plaignent des navires étrangers qui pêchent dans l’environnement marin guinéen sans aucune autorisation. Fodé Idrissa Kallo, Secrétaire chargé des Affaires extérieures et communication de la Fédération nationale des pêcheurs artisans de Guinée, témoigne :   « Parfois, compte tenu de la rareté de poissons, il y a des navires qui font irruption dans la zone réservée à la pêche traditionnelle. Ils viennent pêcher dans cette zone réservée à la pêche traditionnelle et il racle tout sur leur passage. Quand le pêcheur vient, il ne trouve rien. Nous enregistrons même des collisions en mer, des navires de pêche industrielle qui montent sur les petites embarcations de la pêche artisanale. Malheureusement, parfois, il y a des cas de mort »

Chaque année, le département de la pêche et de l’Économie Maritime, fait une campagne démersale pour connaître au moins la biomasse qu’il faut capter, qu’il faut allouer aux pêcheurs. Dépassé ce quota donné par les scientifiques, on met en danger l’écosystème

« Si rien n’est fait maintenant, c’est la disparition ou la rareté de certaines espèces dans les eaux guinéennes. Si on les retrouve, ce sera de petite taille. Il y a une taille commerciale, la taille à la première maturité sexuelle qui permet à l’espèce de pondre au moins une fois. Si on prend la femelle, les petits, les œufs, rien ne restera pour perpétuer cette génération. Il faut laisser les espèces se reproduire au moins une fois parce qu’elles pondent des milliers d’œufs. Si elles pondent au moins une fois avec la taille commerciale, on peut les capturer » alerte le Biologiste des Pêches Amadou 1 Bah. 

Il est difficile d’établir avec précision les pertes énormes que cause la pêche INN. On dénombre près de 400 millions de dollars de perte par an pour la Guinée, la Mauritanie, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Sénégal et la Sierra Léone, des pays membres de la CSRP (Commission Sous Régionale des Pêches). Pour un pays tout particulier, « on peut estimer dans l’ordre de 80 à 100 millions de dollars comme perte » a déclaré Amara Kaba Camara, le Secrétaire Général du Ministère de la Pêche et de l’Économie Maritime.

Évolution des captures des produits de la pêche dans la Zone Économique Exclusive (ZEE) et les captures annuelles les plus élevées de produits de la pêche artisanale et industrielle.

Ces dernières années, le gouvernement est ouvert à l’ensemble des bonnes pratiques : renforcement des mesures et les réformes politiques du cadre juridique et réglementaire, surveillance en temps réel des activités de pêche, surveillances satellitaires afin d’assurer le fonctionnement optimal de la pêche en Guinée. 

Le 18 août 2021 à Conakry, la capitale guinéenne, a vu le lancement d’un projet intitulé ‘’Renforcement de la gouvernance des pêches en Guinée’’. Pour une durée de trois ans, ce projet financé par les ONG OCEANS 5 et le NORAD vise à réduire les pratiques de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) et mettre fin à la surexploitation dans les eaux guinéennes. Ce projet guinéen a été élaboré en partenariat avec le PRCM, GRID Arendal, TMT deux ONG norvégiennes, financé par OCEAN 5 (Une fondation d’une vingtaine de bailleurs pour accompagner dans la gouvernance des pêches).

Le gouvernement guinéen, le Partenariat Régional pour la Conservation de la zone Côtière et Marine (PRCM) et le Trygg Mat Tracking (TMT) GRID-Arendal et ses partenaires travaillent sur les problématiques du littoral ouest africain. 

Le PRCM couvre notamment sept pays en Afrique de l’Ouest dans la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. Dr Kady Sané Diouf, Coordinatrice des projets de gouvernance des pêches en Afrique de l’Ouest, parle de la priorité et les acquis grâce à l’engagement du gouvernement guinéen dans cette lutte : « La sensibilisation sur les impacts de la pêche INN, c’est pour qu’on puisse se donner la main afin de lutter contre ce fléau qui est vraiment un phénomène dévastateur. Il a des impacts extrêmement négatifs pour la gestion et la gouvernance des pêcheries en Afrique de l’Ouest. La pêche INN ne laisse personne indifférente. La Guinée n’a pas échappé à ce phénomène. Nous avons noté que depuis quelque temps, le gouvernement guinéen a fait beaucoup d’efforts. Je peux citer par exemple l’élaboration du plan national de lutte contre la pêche INN, qui est extrêmement important. La Guinée fait aussi beaucoup de transparence : c’est l’un des premiers pays qui publient les informations sur la pêche et sur sa page web . C’est parce que la Guinée a fait beaucoup d’efforts qu’aujourd’hui les bailleurs, les ONG de défense de la conservation de l’environnement, sont engagées pour accompagner cet effort consenti par le gouvernement guinéen. Nous essaierons surtout de nous focaliser sur le renforcement des capacités techniques de lutte contre la pêche INN ».  

Depuis la sortie de la Guinée de la liste des pays tiers non coopérants de lutte contre la pêche INN, de multiples efforts ont été consentis par les autorités de ce pays. 

« Cette initiative vient renforcer, consolider les acquis en matière de pêche INN. Notamment la mise en place d’un plan national de lutte contre la pêche INN. Ensuite le Plan national d’inspection des navires qui est mis en place, la sécurisation des licences des pêches industrielles, la redynamisation des systèmes de contrôle, de suivi et de surveillance. Le projet gouvernance des pêches vient pour consolider les acquis déjà obtenus en renforçant la transparence et en faisant une relecture des textes réglementaires et institutionnels ». précise Fodé Mohamed Sankhon, ancien Directeur Général du Bureau de Stratégie et du Développement au Ministère de la Pêche et de l’Économie Maritime.

Coordinateur du projet de renforcement de la gouvernance des pêches en Guinée, Ismaël Keïta, parle de la première année de ce projet initié par le Ministère de la pêche en collaboration avec ses partenaires techniques. « En cette première année, les travaux de ce projet ont été menés à travers plusieurs structures du Ministère de la Pêche et de l’Économie Maritime. À savoir le Centre National de Surveillance des Pêches, la Direction Nationale des Pêches Maritimes, la Direction Nationale de la planification des pêches et l’Office national de contrôle sanitaire des produits de la pêche et de l’aquaculture ».

Des partenaires techniques proposent différents types d’appui. Yann Yvergniaux, Analyste Senior àTrygg Mat Tracking (TMT), renseigne : « Le processus vise à appuyer la délivrance des licences de pêche de manière à fermer la porte à des navires de pêches qui font des activités délictueuses ou des Sociétés de pêche qui ont des antécédents de pêche illégale. L’idée est un petit peu de renforcer les capacités pour que des inspections soient menées de façon plus approfondie. Que des recherches soient faites par rapport aux antécédents des navires avant de leur donner l’autorisation d’opérer ici en Guinée ». TMT est une organisation à but non lucratif qui fournit aux autorités nationales de la pêche et aux organisations internationales des informations sur la pêche, des analyses et un renforcement des capacités, dans le but de réduire la pêche illégale et d’améliorer plus largement la gouvernance des océans.

Du 27 au 28 décembre 2022, dans la banlieue de Conakry, le Ministère de la pêche et de l’Économie maritime et ses partenaires stratégiques (PRCM, GRID Arendal, TMT) ont organisé un atelier sur l’information et la formation des journalistes. Cette activité va contribuer au renforcement des compétences des hommes de médias pour un meilleur traitement des thématiques liées à la pêche en général et aux impacts négatifs de la pêche INN en Guinée. 

« Les médias occupent aujourd’hui une place prépondérante dans la sensibilisation. La pêche INN est un fléau qui touche pratiquement tous les États africains, particulièrement la République de Guinée. Nous avons organisé des ateliers de sensibilisation et d’information sur le concept au niveau des communautés, au niveau des cadres des structures étatiques. Nous avons également pensé que pour toucher plusieurs personnes, il faut associer les médias pour leur permettre de mieux informer les communautés », précise le Coordinateur du projet de renforcement de la gouvernance des pêches en Guinée, Ismaël Keïta.

L’État guinéen a déployé des moyens pour lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) afin de permettre aux autorités de la pêche de veiller sur les ressources de l’environnement marin. C’est le cas du Centre National de Surveillance et de Police des pêches. « Il dispose de vedettes, d’inspecteurs de pêche qui vont en mer.  Ils font des patrouilles pour contrôler les navires qui sont ici. Ils se rassurent qu’ils ont des papiers, s’ils pêchent dans la bonne zone, s’ils utilisent les bons équipements pour faire la pêche. Les navires qui sont en infraction sont arraisonnés et envoyés au quai. Il y a une pénalité qui suit » précise le Pr Alkaly Doumbouya, Directeur de Recherche au Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura. 

En plus du Centre National de Surveillance et de Police des pêches (CNSP), la Marine nationale coordonne et surveille toutes les actions de la préfecture maritime. « L’un des fléaux que nous combattons de plus, c’est la pêche INN. Nous avons déjà certains moyens, à savoir les sémaphores, les logiciels de surveillance… qui sont très importants et qui sont mis à la disposition du département de la pêche pour la surveillance de notre espace. Il faut reconnaître qu’il y a une grande avancée dans l’action de l’État en mer. Le gouvernement a déjà mis des moyens substantiels à la disposition de la Préfecture en moyen de surveillance » a déclaré N’Fa Amara Djomandé, Préfet Maritime.

 Le Centre de Recherche Halieutique de Boussoura ou Centre appliqué à l’environnement marin et côtier a pour mission la production des connaissances sur le secteur de la pêche, de l’aquaculture et de l’économie maritime en Guinée. Le tout devant concourir à la prise de décision en matière de développement durable des ressources halieutiques en Guinée. Les indications sur le maillage des poissons viennent du Centre. C’est Boussoura qui définit la biomasse (la quantité de poisson qui est dans l’eau). Selon le Professeur Alkaly Doumbouya « Nous avons un navire de recherche. Chaque année, nous faisons deux campagnes sur les ressources démersales. Nous stratifions toute la ZEE (zone économique exclusive, un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains et économiques en matière d’exploration et d’usage des ressources naturelles). Nous identifions toutes les espèces, on les pèse, on prend les mesures. On en emmène au laboratoire pour faire le sexe ratio, pour mesurer la taille à la première reproduction ».

Selon la FAO, les produits alimentaires d’origine aquatique contribuaient à une plus grande part des apports en protéines animales dans les pays à faible revenu….

Nombre de jours en mer en pêche maritime artisanale en Guinée

La présence des gros navires qui pêchent dans les eaux guinéennes affecte la quantité des poissons destinés à la consommation locale. Le Pr Alkaly Doumbouya, Directeur de recherche au Centre national des Sciences Halieutiques de Boussoura affirme : « ils ne sont pas autorisés, ils misent sur la faiblesse de nos moyens techniques. Même si tu les vois, tu ne peux pas les arraisonner immédiatement ». 

Des hommes et des femmes mareyeuses, certains propriétaires de navires et responsables de familles, voient leurs activités ralentir de manière drastique, depuis que les pratiques de la pêche illicite se sont accentuées au large des côtes guinéennes. « Depuis plusieurs années, les pêcheurs ne font que s’appauvrir à cause de la pêche INN. Ce sont de petits poissons qui sont capturés vendus sur le marché local. Les mareyeuses n’arrivent pas à couvrir les dépenses. Elles achètent des petits poissons dans l’espoir de se faire un peu d’argent, arrivées au marché, elles ne s’en sortent pas. Le capital diminue, les crédits s’augmentent et finalement, elles se retirent des activités de la pêche » affirme Fodé Idrissa Kallo, Secrétaire chargé des Affaires extérieures et communication de la Fédération nationale des pêcheurs artisans de Guinée. 

Dans les eaux guinéennes, pour pêcher, il faut avoir le permis de pêche pour les différentes catégories de la pêche artisanale. Pour la pêche semi-industrielle et industrielle, il faut se doter d’une licence. Il faut également avoir le permis de navigation et le permis de conduire. Des documents délivrés par l’Agence de Navigation Maritime (ANAM), un service du Ministère des Transports.  Ce département autorise la navigation maritime. Le Ministère de la pêche autorise de pêcher dans les eaux guinéennes. En Guinée, il existe trois catégories de pêche : la pêche artisanale avancée, la pêche artisanale motorisée, la pêche artisanale traditionnelle. 

La délivrance de permis ou autre licence de pêche artisanale est assujettie au paiement d’une redevance annuelle. Ces autorisations sont exigées à tous les nationaux et étrangers qui veulent exercer la pêche artisanale dans les eaux sous juridiction guinéenne. 

Marché de Kaporo

Les pêcheurs artisans rencontrent quelques difficultés à s’offrir les documents d’autorisation de pêche. Fodé Idrissa Kallo, Secrétaire chargé des Affaires extérieures et communication de la Fédération nationale des pêcheurs artisans de Guinée intervient :  « Au niveau de la pêche semi-industrielle, il n’y a pas de problème parce que les versements sont effectués sur des comptes à la banque, mais au niveau de la pêche artisanale, vous pouvez rencontrer des problèmes. Vous allez trouver au niveau de la commune de Kaloum on vous dit par exemple un ‘’foun founyi’’ * à 150.000 francs guinéens. À Dixinn, vous demandez un Boya* On vous donne un ‘’Foun founyi’’ et on vous retire le prix de Boya qui coûte entre 200.000 et 250.000 francs guinéens. Sur le terrain, vous trouverez toujours une différence de prix en fonction des zones ». 

Pour justifier ces prix abusifs, notre interlocuteur dit que les acteurs du secteur de la pêche parlent de méconnaissance des textes et de manque de vulgarisation des textes. qui régissent le secteur de la pêche artisanale en Guinée. Au niveau des organisations professionnelles, on ne prend pas de temps pour mieux outiller, former les membres dans ce sens pour qu’ils connaissent officiellement les différents prix pour éviter les éventuelles arnaques, a ajouté Fodé Kallo.

Depuis quelques années, les ONGs font recours aux Nouvelles technologies de l’information et de la communication pour fournir des renseignements, des analyses dans le but de réduire la pêche illégale et d’améliorer la gouvernance des pêches. Yann Yvergniaux, Analyste Senior à TMT explique : « c’est une interface sur laquelle vous pouvez avoir accès aux données d’identité des navires de pêche et à leurs opérations précédentes qui sont visualisées de manière très simple en utilisant énormément de sources de données différentes. On espère que cet outil, mis entre les mains des autorités de pêche, pourra être utilisé dans le cadre d’une demande de licence. L’agent chargé de l’instruction du dossier va vouloir faire des vérifications par rapport aux antécédents du bateau. Dans la mise en œuvre des mesures du ressort de l’état du port qui donne à la Guinée de refuser des navires battant pavillon étranger, des bateaux auraient été impliqués dans des incidents de pêche illégale ».

Port de Bonfi

Dans le but de renforcer la transparence et la participation dans la gouvernance des pêches maritimes, les autorités guinéennes, en collaboration avec les partenaires, assurent la surveillance maritime. Le Centre National de Surveillance et de Police (CNSP) a six bases côtières tout au long du littoral. Depuis ces bases côtières, des petites vedettes ont été mises à disposition du personnel pour aller très loin en haute mer. 

Un plan d’aménagement et de gestion des pêches est discuté de commun accord avec les professionnels de la pêche industrielle et artisanale. Ce plan est un élément important de gouvernance. Il permet aux ressources de la mer de se reproduire mieux. Les limites de la zone de pêche sont également établies dans ce plan pour les espèces marines protégées que les pêcheurs doivent respecter. 

Dans une initiative en gestation, appelée la surveillance participative, les autorités guinéennes, envisagent la participation des acteurs non étatiques dans le processus de gestion des pêches. Des pêcheurs, artisans dans la surveillance des eaux, seront formés et outillés d’un kit composé de téléphone, de GPS…. Une fois en mer, ces pêcheurs pourront communiquer avec les agents du Ministère de la Pêche à travers ses mécanismes de fonctionnement. 

Pour améliorer la transparence des systèmes de collecte et de partage d’informations, la Guinée a adhéré à la Fisherie Transparency Initiative (FiTI). La FiTI est une norme de transparence mondiale qui vise à aider les pays côtiers à accroître la crédibilité et la qualité des informations nationales sur les pêches.

Au niveau sous régional, dans le cadre de la Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP), la campagne de surveillance sous régionale mer et air est combinée avec des petits avions qui survolent la mer. Cette opération permet de déceler et de dissuader les activités de pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) dans le golfe de Guinée. Des initiatives à l’image du projet de ‘’Renforcement de la gouvernance des pêches en Guinée’’ piloté par GRID Arendal contribuent selon les autorités guinéennes à l’amélioration de la gouvernance. 

 

*Le filet maillant dérivant ou founfounyi. Ce type d’engin qui utilise une technique simple est le plus répandu de Guinée. Les caractéristiques sont assez homogènes sur tout le littoral (maillage : 60–70 mm ; longueur : 400–600 m ; chute : 6 m).
*Le filet maillant encerclant ou gboya au sens large. C’est probablement dans cette catégorie que les types de filets sont les moins tranchés et on en distingue plusieurs sous-types. Cependant, la technique de mise en œuvre qui consiste à repérer, encercler et produire du bruit pour faire mailler le poisson encerclé est la même pour tous. 
Cette histoire a été soutenue par Code for Africa (CfA) en partenariat avec GRID-Arendal dans le cadre de la bourse de journalisme environnemental sur la pêche INN en Guinée.

 

                                                                                   bahmohamedplus@gmail.com