Guinée : Tensions socio-politiques, la bonne foi du Colonel-Président à lépreuve du chantage politique – Base Cote Media

Guinée : Tensions socio-politiques, la bonne foi du Colonel-Président à lépreuve du chantage politique

Guinea's junta leader Col. Mamady Doumbouya watches over an independence day military parade in Bamako, Mali Thursday, Sept. 22, 2022. Malian authorities held a traditional military parade Thursday to make the country's first independence day celebration since French troops departed after nine years of fighting Islamic extremists in its one-time colony. (AP Photo)

La réunion en début de semaine au centre islamique de Donka a tout lair dun flop. À vrai dire, on aurait dû sy attendre un peu.

Même si la rencontre initiée par des autorités religieuses, pour aplanir les divergences entre le gouvernement et certains partis et acteurs de la société civile réticents à participer au dialogue inter-guinéen, avait nourri de lespoir au sein des populations.

Après avoir réussi à repousser la manif de rue que comptait organiser ces derniers lautre semaine, le grand imam de Conakry et des personnalités religieuses sont parvenus à réunir autour dune table les parties en désaccord.

Coté gouvernement, une forte délégation conduite par le Premier ministre Dr. Bernard Goumou quil faut bien le reconnaître, na eu cesse de multiplier les gestes de bonne volonté ces derniers temps. Il a sillonné tous les QG des partis politiques, visité les sièges des activistes de la société civile pour prêcher la bonne parole, véhiculer le message du Président Mamadi Doumbouya appelant à un rassemblement des filles et fils du pays pour une transition apaisée et réussie.

En face, une coalition de partis et de la société civile sous la dénomination de « Forces vives de Guinée » (FVG), formée principalement autour de trois entités politiques : le RPG/AEC, lancien parti au pouvoir du président déchu Alpha Condé, dont de nombreux ex collaborateurs ont actuellement maille à partir avec la justice ; lUFR de Sidya Touré et lUFDG de Cellou Dalein Diallo, deux anciens Premiers ministres en exil qui se sont vu exproprier leurs résidences, dont lacquisition est considérée comme illicite par les nouvelles autorités. Le second est en plus inculpé par la justice dans une sombre affaire de corruption présumée.

Justement, pour de nombreux analystes, la croisade contre la corruption et la prédation des biens publics, lancée par le colonel Mamadi Doumbouya et le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) au lendemain du 5 septembre 2021, est la véritable (et inavouable) source de la discorde.

Si dans le chapelet de revendications, qui feraient penser aux fameuses poupées russes emboîtées les unes dans les autres, on retrouve lexigence dun retour rapide à lordre constitutionnel, il est réclamé larrêt ou une mise en berne des procédures judiciaires visant des responsables appartenant à cette coalition de partis. Autant dire, tordre le cou au sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs et ranger dans le registre des vux pieux le louable et nécessaire travail dassainissement de la gestion publique dans un pays qui en a tant besoin.

Il est évident que le CNRD et le gouvernement ne sont pas dupes, même sils multiplient les preuves dune grande disponibilité sans pour autant toucher à lintouchable : leur profession de foi et le respect de la promesse faite aux Guinéens de leur laisser au terme de la transition un pays assaini avec un leadership cleen.

On peut en être certain, le Premier ministre qui nest pas du genre à baisser les bras face aux obstacles, va continuer à tendre la main aux différents acteurs socio-politiques afin de trouver un terrain dentente, sans compromettre ce pour quoi le Colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons ont pris leurs responsabilités un certain 5 septembre, et sont aujourdhui dans le cur de limmense majorité des Guinéens.

Il faut ose espérer que de lautre côté, lon finira par se rende à lévidence que ces appels à linsurrection, même couverts du vernis de « manifestation pacifique », nont aucune chance de pouvoir infléchir la position du pouvoir sur ce point précis, qui reste essentiel à ses yeux.

LA REDACTION DE l’AGP