Guinée : l’Association des Victimes du Camp Boiro s’insurge contre la rébaptisation de l’aéroport au nom de Sékou Touré – Base Cote Media

Guinée : l’Association des Victimes du Camp Boiro s’insurge contre la rébaptisation de l’aéroport au nom de Sékou Touré

Dans une déclaration relayée sur ses canaux de communication ce vendredi 17 décembre, l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) s’insurge contre la rébaptisation de l’aéroport international portant dorénavant le nom d’Ahmed Sékou Touré

Lire ci-dessous ladite déclaration :

La Guinée s’est réveillée ce matin avec un choc. En effet, la radio Espace a annoncé que l’aéroport Gbéssia allait être rebaptisé aéroport international Ahmed Sékou Touré. Eh oui ! Vous avez bien entendu : aéroport International Ahmed Sékou Touré. Quelle honte !

Si une telle nouvelle se confirmait, pourrions-nous encore parler de Réconciliation ? Le travail de six ans de la Commission Provisoire Réconciliation Nationale, qui a lancé des consultations nationales sur la réconciliation avec le soutien du PNUD et du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme, va donc être jeté à la poubelle ?

En effet, il faut rappeler que Sékou Touré a présidé pendant 26 ans de règne totalitaire sans partage de 1958 à 1984. Durant cette période, les guinéens et les guinéennes ont assisté à l’exécution sommaire de dizaines de milliers de fils et filles de ce pays par pendaison, diète noire, fusillades, après qu’ils aient subi les tortures les plus ignobles et souvent pendant des années. Ces victimes, dont certaines sont les Pères fondateurs de la République, sont encore à date, ensevelies dans des fosses communes disséminées sur l’ensemble du territoire. Des millions de guinéens et de guinéennes (2 millions sur une population de 6 millions en pleine période de paix selon les statistiques) ont dû s’exiler pour échapper à sa folie meurtrière.

Sékou Touré a mené la Guinée, jadis perle de l’Afrique francophone, à la destruction de son tissu économique et à l’anéantissement du système éducatif ; ce qui est une des causes essentielles de la situation économique/sociale actuelle du pays. En outre, en institutionnalisant comme méthode de gestion de l’état la délation généralisée, l’embrigadement et l’endoctrinement de la population, Sékou Touré a contribué à la fragilisation de toutes les institutions de la République.  Il n’y a qu’à comparer la Guinée d’aujourd’hui à ses deux voisins immédiats, à savoir la Côte d’Ivoire et le Sénégal, pour se convaincre des destructions dont s’est rendu responsable le premier président de la Guinée.

Il y a quelques jours de cela, nous avons appris par décret présidentiel, que le CNRD restituait à la famille de Sékou Touré les cases « Bellevue » sur lesquelles l’Etat de Guinée avait investi des milliards de Francs issus de l’argent des contribuables, installant de facto cette propriété dans le domaine du patrimoine bâti public. Ces investissements furent réalisés en prévision du sommet de l’OUA ; sommet qui était censé se tenir en 1984, et qui n’a pu avoir lieu du fait de la mort de Sékou Touré le 26 mars 1984. Or, à ce jour, l’Etat n’a toujours pas permis à des dizaines de victimes de Sékou Touré de récupérer leurs biens saisis ; et cela malgré l’ordonnance 122 de restitution des biens publiée sous la présidence du feu Général Lansana Conté. Comment peut-on parler de « Justice comme boussole du régime » lorsqu’on constate de tels faits ?

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Nous souhaitons lancer un appel au Président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, afin qu’il garde le cap des idéaux qui l’ont motivé lors de sa prise de pouvoir le 05 septembre 2021. Faisons attention aux sirènes nostalgiques du régionalisme, de l’idéologie et aux risques du Populisme, du négationnisme et de l’apologie du crime et du criminel, sources de DIVISION, parfaites antithèses du RASSEMBLEMENT. Le passé immédiat de la Guinée nous enseigne en effet que bon nombre de dirigeants viennent au pouvoir avec de belles intentions, mais se laissent phagocyter très rapidement par un entourage toxique. Généralement, la suite est prévisible.

Nous souhaitons tous la réussite de la Transition, et nous souhaitons que le Colonel Mamadi Doumbouya entre dans l’Histoire par la Grande porte. Cependant, nous avons peur que la mise en œuvre de ces mesures ne provoque à terme un réel problème avec des conséquences incalculables.

PLUS JAMAIS CA !

Le Secrétariat exécutif