Saccage de la Base logistique de GUITER SA à Tinsinkoro: Les dessous d’une orchestration qui risque de tuer l’initiative privée – Base Cote Media

Saccage de la Base logistique de GUITER SA à Tinsinkoro: Les dessous d’une orchestration qui risque de tuer l’initiative privée

Le mercredi 14 novembre 2018 a été une date des plus sombres dans l’histoire de la société GUITER SA. Elle qui croyait si bien contribuer au développement socioéconomique de notre pays, la Guinée, a injustement fait les frais d’une attaque barbare, orchestrée par des groupuscules ne voyant pas d’un bon œil le développement industriel dans un monde aussi complexe que prometteur, celui des métaux précieux. Le bilan des dégâts est certes à venir. Cependant qu’on peut d’ores et déjà se demander comment en est-on arrivé là et quelles pourraient en être les conséquences pour le développement de la Guinée…

  • Un acharnement dans la destruction qui en dit long

Cela a d’ores et déjà été suffisamment démontré dans les médias. L’acharnement avec lequel des manifestants s’en sont pris le mercredi 14 novembre passé à la base logistique de la société minière à Tinsinkoro, un district de la sous-préfecture de Banankoro, témoigne d’une volonté farouche non seulement de faire du mal, mais aussi de dissuader, voire enlever toute envie au PDG de GUITER SA de poursuivre ses œuvres de développement pour le pays et plusieurs communautés localement concernées. S’ils n’ont pas brûlé et saccagé, ces manifestants venus de Banankoro auront presque tout emporté sur leur passage, pillant les magasins de stockage des pièces de rechange des camions, incendiant bulldozers, poids lourds et autres équipements très coûteux. En attendant que le bilan exhaustif des dégâts soit dressé, il faut dire qu’il pourrait se chiffrer à plusieurs milliards de nos francs. De quoi donner à réfléchir par ces temps de conjoncture internationale.

  • L’arbre qui cache la forêt

Cela a sans doute besoin d’être suffisamment expliqué à l’opinion, mais surtout aux pouvoirs publics. Des friands des réseaux sociaux ayant vainement tenté de donner une explication à ce qui s’est passé ce mercredi 14 novembre 2018 à Tinsinkoro. Selon eux, c’est parce que la société GUITER SA aurait refusé de mettre à la disposition d’une population pauvre un tas de sable concentré sur son domaine d’exploitation que les choses se seraient vite gâtées. On se contenterait d’un raccourci fallacieux qu’on s’y prendrait de cette façon.

En fait, ce n’est pas tant la mise à disposition de ce sable qui pose véritablement problème, mais le fait que déversé le plus souvent dans le bassin du fleuve, il risque non seulement de poser un véritable scandale environnemental, en plus de compromettre un projet de barrage que notre pays a en commun avec d’autres pays tels le Niger et le Mali. Pour qui sait la quantité de sable dont il est question (NDLR : il s’agit de 2 500 000 m3 de sable), le risque est simplement réel, voire démesuré. Si les pays partenaires semblent avoir pris des mesures pour honorer leur engagement par rapport à ce projet de barrage, ce ne semble hélas pas le cas du côté des autorités guinéennes, Ministère des Mines, Ministère de l’Energie ,de l’Hydraulique et de l’Environnement étant les plus concernés.

Au-delà de cette affaire de sable, il y a bien plus sérieux encore et qui tient plus d’un récent redécoupage administratif qui s’est opéré au mois de janvier dernier. Se basant en effet sur l’Arrêté N°/2017/3236/MATD/DNAT/17, le préfet de Kérouané, Damoun Kanté, dans une note de service, a instruit le sous-préfet de Banankoro d’ériger Gbénko en district. Alors qu’historiquement, bien avant donc, Gbénko relevait d’un autre district, celui de Tinsinkoro.

Il faut dire qu’un tel redécoupage administratif était loin d’être fortuit. Dans la mesure où il induit des changements de profits émanant des taxes et autres impositions faites aux sociétés implantées dans tel ou tel autre district. Il était d’autant manifeste ce redécoupage qu’il faisait de la société GUITER SA une proie potentielle de gens qui voyaient d’un mauvais œil le bon rapport qu’elle entretenait avec le district de Tinsinkoro, lequel avait initialement sous sa tutelle administrative Gbénko.

Au-delà encore de ce jeu d’intérêts matériels manifestes, il y a que Gbénko ne représente pas seulement ce lieu-là abritant une cité minière pour le district de Tinsinkoro, mais en plus il s’agit de ses terres ancestrales, potentiellement et ultérieurement réservées aux productions agricoles. Dans ces conditions, on pourrait comprendre aisément l’opposition de Tinsinkoro, et même de deux autres districts favorables à l’exploitation industrielle parce que tirant des revenus substantiels en termes de redevance et autres assistances communautaires dues par la société et exécutées par la société.

En un mot comme en mille, il faut dire que la décision administrative est en passe de provoquer aujourd’hui un conflit domanial. Et pour qui sait que dans une précédente tentative, Tinsinkoro s’était farouchement opposé à sa dépossession et que cela avait débouché sur un affrontement intercommunautaire, il y a de quoi se faire des inquiétudes. Surtout que dans une correspondance adressée au ministre des Mines et de la Géologie dans cette affaire le 09 octobre dernier, les sages de ce district et ceux de Sirgnaldou et Kalamando Massando ont clairement signifié qu’ils s’opposeraient à toute extension du domaine d’exploitation artisanale du diamant, en d’autres termes à leur dépossession en faveur du district nouvellement créé de Banankoro. De fait de dépossession, ces districts estiment en effet que l’érection de Gbénko en district relève purement et simplement de cette logique-là. Sans compter que pour ne rien arranger les compositions des  Bureaux du district et de la jeunesse de Gbénko ne semblent pas avoir obéi aux exigences de coloration locale, d’où un motif supplémentaire de frustration.

Garantir vaille que vaille le développement industriel du pays

« L’argent a peur du bruit », a-t-on coutume de dire. En se livrant à une destruction systématique de ses avoirs et installations, les vandales ayant sévi le 14 novembre passé à Tinsinkoro, ne font pas du mal qu’à la seule société GUITER SA. C’est hélas l’initiative privée qui en prend un sacré coup de massue. C’est le pire message que des populations riveraient de zones d’exploitations industrielles peuvent envoyer aux investisseurs. Or Dieu sait que le Président de la République, le Pr Alpha Condé, se soucie depuis un moment donné de faire de la Guinée une destination prisée en matière d’investissements.

Mais le tout n’est évidemment pas d’en appeler à la venue de ces investisseurs, il faudrait leur créer avant, pendant et après un environnement des affaires propice, agréable, surtout sécurisé. Rien que pour ces raisons, on pourrait s’étonner du peu d’engouement avec lequel les autorités ont réagi aux saccages de la base logistique de GUITER SA à Tinsinkoro. A ce sujet, il ne serait pas juste de pointer un doigt accusateur vers les paisibles populations de la contrée. Il ya certainement des gens auxquels ces saccages profitent, parce qu’au fond ils rêvent du renoncement définitif des investisseurs à cette contrée potentiellement riche en pierres précieuses. Pour qui sait que des pays comme le Botswana ont leur économie en partie adossée à une telle richesse du sous-sol, il y a de quoi se poser pas mal de questions. Nous y reviendrons certainement encore.

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