Disparition du journaliste Jean-Karim Fall, figure incontournable de RFI et France 24 – Base Cote Media

Disparition du journaliste Jean-Karim Fall, figure incontournable de RFI et France 24

France Médias Monde a appris avec un immense chagrin la disparition brutale, vendredi 26 mai, du journaliste Jean-Karim Fall à l’âge de 59 ans. Il était en mission à Taormina, en Sicile, où il couvrait le sommet du G7 pour France 24.

Un père sénégalais, une mère française : dès sa naissance en 1958, Jean-Karim Fall partage son cœur entre la France et le continent africain. Il passe une partie de son adolescence au Niger et très tôt, aux côtés de son père le ministre et diplomate sénégalais Kader Fall, Jean-Karim fréquente les grandes figures africaines de l’époque.

Il rentre ensuite en France, à Toulouse où il va à l’université puis à Lille où il étudie le journalisme au sein de la prestigieuse école ESJ. À sa sortie, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers RFI où il est embauché en 1984.

Très vite, Jean-Karim Fall fait ses preuves et devient grand reporter. Il multiplie les terrains difficiles : la guerre du Golfe en 1990-91, la guerre civile au Liberia… Puis il retourne s’installer en Afrique. Envoyé spécial permanent de RFI à Abidjan entre 1992 et 1995, il est ensuite envoyé à Libreville où il ne reste qu’un an car, en 1996, il est rappelé à Paris pour prendre la tête du service Afrique de RFI, poste qu’il occupe presque sans discontinuité jusqu’en 2012.

De ces années, les auditeurs se souviendront entre autres de sa couverture des grands sommets africains. Il quitte finalement RFI mais pas le continent dont il est devenu l’un des plus éminents spécialistes et qu’il continue à suivre avec passion pour France 24, en tant que rédacteur en chef.

À RFI, certains l’avaient rebaptisé « tonton », c’est dire tout le respect que lui vouaient ses collègues. Les plus jeunes en particulier qui voyaient en lui un modèle dans la profession. Tonton flingueur parfois, car Jean-Karim Fall était exigeant. Mais toujours avec humour. En deuxème partie de carrière, il était devenu un habitué des voyages officiels et des grands sommets africains mais il savait les faire ‘ »vivre » à l’antenne car il s’était nourri d’années et d’années de terrain… africain.

Personne n’oubliera ses grands faits d’armes : la guerre civile au Liberia, la première crise Ebola au Zaïre où il était l’un des rares à s’être rendu au cœur de la zone infectée. Journaliste tout terrain mais pas tête brûlée. De son adolescence au Niger, Jean-Karim Fall avait gardé l’art de la palabre, y compris avec les militaires, ce qui lui permettait de savoir calmer le jeu au besoin.

Percutant lors de ses interviews avec les chefs d’État, Jean-Karim Fall se faisait peu d’illusions sur les coulisses parfois guère reluisantes de la politique africaine. Mais il n’en était pas devenu cynique pour autant. Car il aimait ce continent et cultivait son sens de l’humour, y compris face aux pressions. Parmi les anedoctes qu’il aimait raconter, il y a ce jour où le président Gnassimbé Eyadéma l’avait accueilli chez lui, en lui disant : « Vous ne travaillez pas pour RFI mais pour RFaux »… FAUX, évidemment.
Toutes les équipes de France Médias Monde s’associent à la douleur de sa famille et de ses proches, et transmettent leurs sincères condoléances à sa mère, son épouse et ses deux enfants

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